17/07/2018-24/07/2018
De nombreux cyclovoyageurs ayant traversés l'Iran parlent avec émotion de l'hospitalité des iraniens, de la diversité des paysages (montagneux, frais, forestiers, parsemés de plantations de thés au nord; aride, chaud et désertique au centre et sud), de la gastonomie et surtout de cette traversée légendaire de la zone désertique du Dash-e-Kavir entre Isfahan et Yazd via Varzaneh.
Malgré la chaleur épuisante de l'été perse nous sommes impatients d'entamer cette ancienne route marchande, empruntée par nombre de nomades et voyageurs à travers les âges. « Grandline » est pleine de surprises, « Alabasta » est l’un des meilleurs moments de l’aventure épique ;p
Nous pédalons de plus en plus tard, appréciant l’air rafraîchissant de la nuit tombée. Un soir, une famille nous arrête sur la route, une petite fille de 10 ans sort de la voiture et, dans un anglais parfait, nous invite chez ses grands-parents pour le déjeuner du lendemain. Nous prenons leur numéro de téléphone, heureux de les avoir rencontrés.
Ce même soir nous aperçevons un parc avec une batisse éclairée, lieu de receuillement pour religieux. Nous choisissons de nous enfoncer plus loin dans le parc. Nous nous installons juste aux pieds d'une maisonnette abandonnée, plutôt morbide selon les dires d’iraniens venus nous prévenir: c’est un funérarium !
Ce que nous apprécions à travers le voyage à vélo, ce sont les nuits en tente, le rapprochement avec la faune et la flore des pays, nous laissant découvrir toujours plus d'espèces végétales et animales.
Le lendemain nous arrivons chez nos hôtes proposés la veille, à Ezhieh (prononcez éjié), sous une chaleur étouffante. Un bon repas nous attendait, la famille étaient excités à l'idée de nous accueillir, le père est vraiment drôle mais seule la fille parle anglais. Nous passerons l'après-midi à fumer la shisha dans une « Pigeon Tower ». Construites en terre-paille afin de garder la fraîcheur, elles attiraient les pigeons qui venaient s’y loger. Les paysans récupéraient un super fertilisant naturel pour leurs terres agricoles environnantes: les excréments d’oiseaux. Une de ces tours a été restaurée puis transformée en bar à shisha. Après cela, nous avons eu la chance de pouvoir grimper au sommet de la tour et de profiter d'un magnifique coucher de soleil.
Nous remercions cette belle petite famille et rejoignons le désert de Varzaneh.
Au loin nous perçevons ses dunes de sables qui le dessinent. Cet inconnu nous excite beaucoup, nous n'avons jamais vu cela auparavant. Un désert de sable, un vrai! Habité en périphérie par une population habituée à des températures dépassant parfois les 50 degrès au mois d'Avril Mai.
Arrivés tout près, nous posons vite les vélos et grimpons la première dune sur notre gauche. Quelle sensation agréable, le sable est si fin, si doux, surtout lorsque l’on s’approche du sommet! Assis sur notre tapis de sable tels Jasmine et Aladdin, nous admirons le spectacle en chantonnant "Ce rêve bleu" Waouhhh!! Magique et époustouflant coucher de soleil qui vient couronner le tout, nous savourons chaque seconde.
Nous descendons de notre perchoir. La sensation est la même que lors de l’ascension, nos pieds s'enfoncent littéralement dans le sable formant des escaliers qui nous empêche de tomber vers l’avant. Ce soir nous réalisons ce vieux désir d’enfant: dormir dans un désert de sable. Une fraîcheur, mais surtout un SILENCE, tellement appréciable. Nous nous endormirons dehors, sur notre tapis de pique-nique, tellement nous nous sentons apaisés.
Au réveil, c'est le départ pour une toute nouvelle aventure, le genre d’épreuves qui fait presque un peu peur: traverser 80Km de plats et montées désertiques, sous plus de 40 degrés, sans aucun point d'eau à l’horizon!! Le petit cadeau qu’on ne savait pas, c’est qu’en plus il aura fallu nous battre contre un vent de face.
Nous passons en ville pour nous ravitailler une dernière fois en fruits, légumes et eau très faîche.
Ça y est nous entrons dans la zone désertique dans tous les sens du terme, aucune habitation, des kilomètres de terre chaudes à l'horizon, des montagnes arides, une terre où roule ces boules de petits buissons que l'on voit dans les Westerns. En cours de route, nous croisons par chance des touristes français qui nous partagent volontier de l'eau et des glaçons. Passionnés par notre aventure, ils deviendront de futurs followers. Nous leur devons une fière chandelle car cette eau nous aura été très précieuse par la suite.
Alors que nous commençons à avoir faim et que nous souhaiterions jouir d’un tout petit peu d'ombre, nous re-constatons que rien ne se dessine à l'horizon ni un arbre, ni un abri. Puis, au loin, se dessine comme un refuge en terre, arrondi sur le dessus. Nous y regardons à deux fois pour être sûr de ne pas avoir été victimes d'un mirage. Non c’est bon, on n’a pas encore perdu la tête!
À l'entrée, un court escalier nous emmène en fait dans ce qui semble avoir été un ancienne réservoir à eau. Peu importe, il y a de l’ombre et il y fait plus frais qu’à l’extérieur, alors c’est décidé nous mangerons et ferons une sieste ici, au frais.
Nous avons hâte d'arriver à notre point de chute, un caravansérail situé à moitié chemin, au milieu de ce silencieux désert.
Nous arrivons sous un ciel étoilé. Nous entrons dans « notre » demeure tel un prince et sa belle, la lune illumine de sa lumière la place centrale de la structure, donnant une touche encore plus féerique au moment. Nous nous endormirons là, face au spectacle stellaire, cette beauté cosmique qui ne trahit pas, ce ciel parfait 0% pollution 0% nuage. L'Iran nous a toujours offert des ciels magnifiques, dû probablement à ses 1200 mètres d’altitude moyenne et ses villes très espacées les unes des autres.
Un caravansérail est un lieu fortifié qui permettait, aux nomades, pèlerins et voyageurs d'abriter leurs troupeaux, de protéger leurs marchandises et de se reposer.
Au centre on y trouve habituellement une source d'eau dans un reservoir à moitié enterré pour conserver sa fraîcheur, une voute percée en son centre laisse passer un faisceau de lumière qui informe l’eau tout au long de la journée. Semblant non potable à notre époque, la source devait sûrement hydrater les chameaux jadis. Nous, l'utiliserons pour humidifier le tissu qui enrobe nos gourdes, et ainsi faire redescendre en température notre eau devenue imbuvable.
Nous avons pu nous ravitailler en eau le lendemain matin grâce à des locaux venus arroser le petit jardin d'orangers.
Nous poursuivons notre traversée!
La route de terre continue, et nous croisons tout de même quelques routiers qui nous tendent des bouteilles gelées, idéales pour ajouter à notre « sac-à-dos fraîcheur » fait de tissus imbibés et couches plastiques crée par nos soins avant de partir.
Nous rejoignons la route goudronnée et trouvons le premier petit village depuis 80 km. Nous apprécions le paysage qui se dessine au loin. Le village est au premier plan. Au deuxième plan apparaît aux pieds de montagnes comme gribouillée une brume épaisse qui donne l’impression d’un océan immobile. Au troisième plan ces mêmes montagnes dominant l’œuvre. Décidés de nous arrêter dans ce village pour acheter des vivres, nous synpathisons avec le jeune homme de la boutique. Il nous invite chaleureusement à dîner avec sa famille. Nous attendons impatiement de rencontrer son papa qui, nous explique-t-il, a déjà acceuilli des cyclovoyageurs par le passé. En effet cette famille à de l'expérience en matière d’hospitalité. Nous savourons cette soirée au frais, papotant jusqu’à tard le soir. Merci encore pour cette soirée revigorante.